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Le jeûne est une méthode dont on ne remettra jamais en cause l’impact positif sur le corps. En revanche, il ne s’adresse pas à tout le monde, il n’est pas un « remède » miracle pour tous et il doit être mené dans des conditions optimales. Si vous souhaitez vivre cette expérience, lisez ce qui suit avant de prendre en conscience et de manière éduquée votre décision.

Attention, nous évoquerons ici le jeûne selon les préceptes des hygiénistes en Naturopathie. Le fasting, les jeûnes intermittents ou le 16:8 ne sont pas les sujets de ce billet.

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Il n’y a pas si longtemps, je rencontre une consultante, qui me demande de lui indiquer où trouver certaines plantes en solution aqueuse. Piquée dans ma curiosité de naturopathe, je m’intéresse à son objectif. Elle souhaite aider son corps à détoxiquer. Elle me parle de radis noir, d’artichaut, de pissenlit, de romarin, de bardane…. L’absorption de ces plantes devraient l’aider à retrouver de l’énergie pendant le jeûne qu’elle souhaite mener dans les prochains quinze jours.

 

«Un jeûne sur les prochains quinze jours ?» «Oui…»

«Mais vous partez en cure ?» «Non, je vais le faire toute seule chez moi ?»

«Comment ça, toute seule chez vous? Vous prenez des vacances alors? Vous avez vu un Naturopathe? Vous avez une feuille de route?» «Non, non, je vais le faire seule et prendre les plantes en même temps. Mais je n’ai pas pris de vacances, je vais continuer à aller au travail»

 

Alertée, je lui demande pourquoi elle souhaite faire un jeûne. «Je suis épuisée, je me sens sans vie, j’ai traversé une période difficile émotionnellement et j’ai lu que cela pourrait m’aider à retrouver de la joie de vivre. C’est là que j’ai trouvé la liste de plantes.»

 

«Mais vous avez lu ça où?»

 

On taira volontairement le nom du magazine ayant évoqué cette possibilité, sans y adjoindre, il semble des préconisations et des conseils de précaution. Cette cliente a fini avec un programme de revitalisation, car à la fatigue physique, s’ajoutaient des problèmes d’insomnie sur fond de terrain dépressif. Le jeûne hydrique aux tisanes de plantes détoxifiantes et drainantes auraient été une folie. Soit elle aurait abandonné avant le terme du jeûne avec la sensation qu’elle échouait peut-être encore une fois. Soit elle aurait tenu et se serait retrouvée dans une détresse physique intense, parce qu’au bout de ses réserves énergétiques.

 

A quoi sert le jeûne ?

Même si le jeûne se pratique intuitivement depuis des milliers d’années, ses vertus ont été remises en avant par Pierre Valentin Marchesseau, Père fondateur de la Naturopathie orthodoxe.

 

On distinguera le jeûne humide, qui consiste à n’ingurgiter que de l’eau fraîche en cas de soif et de l’eau tiède salée si on a faim du jeûne sec, où l’on ne mange ni ne boit rien. Le premier peut s’observer sur une certaine période, sachant que le minimum syndical pour être efficace doit être de 5 jours. Le second ne peut s’observer que sur 3 jours maximum, avec des phases précédentes et suivantes de jeûne humide. De manière générale, je déconseille de suivre des jeûnes secs. Evidemment, on ne cesse pas de manger du jour au lendemain : une période de préparation au jeûne avec un protocole de restriction progressive alimentaire doit être observé. A la sortie du jeûne, une phase de reprise crescendo sera impérativement à suivre, avec beaucoup de minutie. Pendant ses deux moments d’entrée et de sortie dans le jeûne, on procédera à des purges pour favoriser l’élimination.

 

Le jeûne a pour but de forcer et d’accélérer le nettoyage des « humeurs » ou liquides du corps humain, responsables de l’élimination des différentes toxémies qu’il subit inlassablement tout au long de sa vie. En Naturopathie, cette notion est primordiale. Une personne, qui n’élimine pas ou mal, est une personne potentiellement plus exposée à la maladie et aux déséquilibres. Lorsque les pathologies sont installées, et après analyse de la situation, certains Naturopathes vous proposeront l’expérience du jeûne pour inviter votre vitalité à expulser et détruire des cellules usées, malades ou viciées.

 

Jeûne

 

Les effets du jeûne se feront ressentir de la manière suivante. Les 3 à 5 premiers jours, l’arrêt de la prise de nourriture met en crise d’acidité. En effet, le corps, ayant besoin de glucose pour produire de l’énergie et de la chaleur et en en étant privé, va se mettre à générer des corps cétoniques, donc une certaine quantité d’acides. C’est de loin la période la plus dure. Vous pouvez subir des douleurs notamment au foie ou aux reins, des décharges inflammatoires notamment ostéo-articulaires, des nausées et de la mauvaise haleine, des maux de tête violents, des insomnies, des assauts émotionnels avec un état nerveux plus exacerbé.

 

Après ce tsunami physiologique, le corps va petit à petit rentrer dans une période d’élimination tranquille, alors qu’un repos physiologique est enfin donné au système digestif. Le corps et les organes d’élimination et de drainage vont pouvoir procéder à un travail plus en profondeur qu’habituellement. L’énergie n’est plus utilisée uniquement qu’à digérer. Le corps peut alors s’atteler à cicatriser les plaies intérieures, comme pour les ulcères gastriques par exemple. Le rythme cardiaque va alors s’abaisser et une forme de bien-être profond va nourrir et stabiliser le mental. 

 

Puis le corps va procéder à une autolyse aseptique. Toujours privé de nourriture et moins enclin à fabriquer des corps cétoniques par manque de glucose et de graisses, le corps va recourir un autre processus, consistant à s’attaquer aux cellules abîmées, vieillies et malades et à les utiliser comme matériau énergétique. Ce phénomène permet d’enrayer la progression à certaines pathologies. C’est pour cela que la première intention du jeûne s’inscrit d’abord dans l’accompagnement de maladies, afin de provoquer un regain de vitalité par un nettoyage cellulaire.

 

Le jeûne est-il adapté à tous ? 

Au regard des éléments cités ci-avant, vous comprendrez donc que le jeûne ne peut pas forcément s’adresser à tous. Il est même probable qu’en ayant pris connaissance des effets évoqués, vous vous sentiez un peu moins emballés. Si d’emblée, cela vous paraît finalement un peu inquiétant, c’est déjà une première piste. Que vous le vouliez ou non, faire un jeûne doit se vivre comme un engagement à part entière et si une once de doute s’insinue en vous, prenez encore le temps d’y réfléchir.

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On ne doit jamais se forcer à faire un jeûne, sous prétexte d’une mode ou d’une méthode miracle. La Naturopathie propose d’autres méthodes moins trempées mais tout aussi efficaces. C’est une pratique, qui doit être pratiquée en étant pleinement d’accord avec soi-même. Ne vous laissez pas influencer contre votre propre gré. Si vous vous forcez, c’est peut-être déjà que votre Nature, votre Terrain et votre mode de vie ne s’y prêtent pas du tout.

 

  • Si vous êtes actuellement dans une grande fatigue physique, psychique et intellectuelle, n’y comptez pas. Le jeûne ne va pas vous requinquer comme par magie. Si vous vous sentez fatigués, pensez-vous vraiment supporter des éliminations corporelles en masse et des assauts émotionnels forts? Il faut une certaine vitalité de fond pour éliminer. Si vous êtes d’un tempérament à fabriquer du froid, à grelotter pour rien, à être d’une nature à surconsommer votre énergie de manière générale, plutôt mince, voire très mince, le teint pâle, les cheveux et les ongles cassants, le moral fluctuant, assujetti à des crises d’angoisses chroniques, prenez vraiment le temps de réfléchir au jeûne. Une detox douce serait plus idéale qu’un jeûne.

 

 

  • Si vous êtes actuellement dans une forme de détresse psychologique ou si vous sortez tout juste d’une période d’affaiblissement moral, n’y songez pas non plus. Différez votre choix, alors que vous aurez retrouvé de la stabilité sur le plan nerveux. Si vous avez vécu des perturbations sur le plan alimentaire et notamment une tendance à hyper contrôler la nourriture, le jeûne est réellement à déconseiller. A l’inverse, une personne dans des cas d’obésité forte ne pourra pas suivre de jeûne à cause d’un risque d’intoxication profonde, due à la remise en circulation de déchets physiologiques. Encore une fois, il existe d’autres méthodes pour éliminer en sécurité.

 

 

  • Il est strictement contre-indiqué de poursuivre un jeûne en cas de diabète insulinodépendant. Les personnes souffrant de problèmes musculaires à douleurs intenses que l’on appelle des myalgies ne peuvent observer un jeûne. La phase d’acidose serait intolérable à supporter sur le plan des douleurs et la fabrication de corps cétoniques fortement contrariée. Par évidence, les personnes ayant des insuffisances organiques du foie et des reins ne peuvent pratiquer le jeûne.

 

 

  • Enfin, si vous passez beaucoup de temps à vous détoxiquer à longueur d’année, est-ce si nécessaire de passer par un jeûne? Ne serait-ce pas la porte ouverte à une déminéralisation profonde?

 

 

Le jeûne est-il adapté à notre quotidien?

Dans les années 60-70, le jeûne pouvait prendre plus facilement place dans l’hygiène de vie. Depuis la vie a beaucoup changé. Les stresseurs ne sont plus les mêmes. Beaucoup de personnes vivent des cadences de journées incroyables, toujours sur la brèche nerveuse, tenant au café et à la cigarette. Il est impératif de comprendre qu’un jeûne ne pourra se pratiquer que dans un cadre propice au repos, éloigné de toute sollicitation émotionnelle, et sur une véritable période de calme.

En clair, on prend des vacances pour faire un jeûne et on quitte sa maison, voire sa famille afin de lâcher complètement sur le plan affectif. Pour passer la phase d’acidose et ne pas céder à l’envie de manger et de faim émotionnelle, il est important de ne plus être exposé aux facteurs oppressants du quotidien. Comment voulez-vous mettre en place des marches douces, des heures de concentration et de médiation, des exercices de visualisation et de projections, des activités de calme en restant à travailler, soumis à la logistique de la maison et du rythme? D’autant plus, si vous êtes seuls à observer un jeûne, au sein d’une maison où tous les autres continuent à s’empiffrer. 

 

Il est important de comprendre que nos vies à 800 kilomètres par heure ne nous permettent pas de pratiquer des jeûnes sur le pouce entre lundi et vendredi, tout en continuant à aller au travail. Nous avons évoqué plus le haut la nécessité de mener le jeûne hydrique sur 5 jours minimum, avec des périodes d’entrée et de sortie du jeûne, ce qui peut représenter 15 jours environ.

De la même façon, on ne se lance pas dans un jeûne sur les saisons fortes. En Été, le manque de nourriture peut s’avérer trop risqué pour l’organisme en cas de fortes chaleurs, où l’eau de la nourriture a pleinement son importance. En hiver, le corps hiberne et emmagasine. Le jeûne se vivra mal par temps trop froid. Préférez les saisons intermédiaires du Printemps et de l’Automne.

 

Le jeûne non encadré et mené isolément est-il dangereux? 

Nous venons d’évoquer plus haut des situations pathologiques et contextuels où le jeûne est contre-indiqué. Or, nous sommes aussi souvent mal placé pour faire le point sur notre propre situation. Il est fortement recommandé de demander l’avis de son médecin traitant au préalable et de consulter un naturopathe.

Dans certains établissements, on parle du jeûne comme une thérapie médicale et à juste titre. C’est pour cela qu’il se veut encadré, pratiqué avec une attention particulière envers chaque jeûneur, et avec une observation quotidienne des effets de ce dernier. Il peut s’inscrire dans une idée de rémission (et je dis bien « rémission » et non de « guérison ») de certaines pathologies. Il peut accompagner beaucoup de maladies graves sur le plan d’un soulagement métabolique entraînant une amélioration de la clinique entourant la maladie.

 

Vous aurez donc compris que s’il s’agit d’une forme de « dispositifs thérapeutiques », il est strictement insensé de le pratiquer seul à la maison, même si vous tombez sur des protocoles hebdomadaires dans des magazines féminins ou sur des avis follement subjectifs d’influenceurs non avertis, sponsorisés par des vendeurs de tisanes tendances.

 

Il est obligatoire qu’il y ait un avant, un pendant et un après, qui doivent être réalisés dans l’accompagnement. Il est impératif que l’on ait pu faire une analyse de la situation dans laquelle vous vous trouvez, fait le point sur vos motivations, s’être assuré qu’aucune contre-indication n’existe et être certain que vous disposiez de la vitalité suffisante pour mener à bien le protocole.

Se lancer seul, à la maison, sur des préconisations trop légères peut s’avérer dangereux. Vous risquez de vous mettre en difficulté majeure, avec des risques sur votre état de santé.

 

Le jeûne est-il une solution minceur ?

De manière générale, un jeûne bien mené occasionne une perte de poids pendant sa pratique. En revanche, ce poids perdu pendant la cure se reprendra automatiquement durant la phase de retour à une alimentation normale. C’est d’ailleurs un des marqueurs d’un jeûne bien mené et abouti. La perte est d’ailleurs substantielle car ce n’est pas ce que l’on recherche. 

 

De fait, le jeûne ne doit pas servir à perdre du poids. Jeûner n’est pas une méthode d’amaigrissement. L’expérience et l’observation nous ont largement permises de constater que les régimes trop restrictifs et dans le contrôle de la nourriture n’occasionnent pas de perte de poids. Toute personne qui vous conseillerait de faire un jeûne pour maigrir vend du rêve, du danger et une incompréhension totale du corps humain et de sa physiologie.

 

TCA

 

Si vous voulez équilibrer votre poids, ou rétablir un meilleur rapport avec votre alimentation, c’est en adaptant vos apports nutritionnels et en travaillant sur vos émotions que vous y arriverez et certainement pas en vous affamant. Fuyez les thérapeutes qui vous tenteront du contraire.

 

5 conseils pour envisager et mener un jeûne correctement

  • Réalisez-le après avoir rencontré un Médecin et un Naturopathe, qui auront fait le point avec vous sur votre état de santé.

 

  • Ne suivez jamais le jeûne seul(e), dans votre coin, avec des préconisations données à la va-vite par des magazines ou des personnalités n’ayant pas compris que tous les publics ne peuvent pas le supporter.

 

  • Afin de choisir votre lieu de jeûne, faites des recherches sur le séjour et le sérieux des personnes, qui l’animeront. Les Naturopathes accompagnants doivent être ouverts, dynamiques, rassurants, experts en la matière. Ils prendront d’ailleurs eux-mêmes le soin de se renseigner sur votre état de santé. En revanche, si vous mentez sciemment et que les choses tournent mal, il faudra prendre vos responsabilités.

 

  • Fuyez les séjours hors de prix et les vendeurs de guérison. 

 

  • Une fois sur place, communiquez à tout moment avec l’équipe encadrante. Ne menez pas ce jeûne comme un combat contre vous-même, mais comme un retour au calme et à l’équilibre.

 

 

La Naturopathie est une pratique aux 1000 possibilités, dont le jeûne fait parti. Cependant, ne soyez pas déçus si cette méthode ne semble pas être faite pour vous. Consultez un thérapeute et trouvez ensemble ce qui vous conviendra le mieux. Vous pouvez vous aider autrement.

 

L'auteur :

Delphine Baratier est praticienne et formatrice en Naturopathie. Elle est également praticienne en Psychologie positive et en Programmation Neuro-linguistique (PNL). Delphine est spécialisée dans l'accompagnement des troubles liés aux émotions tels que la dépression, l'anxiété ou l'envahissement mais également les troubles du comportement alimentaire. Elle anime un blog et un podcast qui s'appelle Campag'Naturo. Elle consulte à distance et sur Lyon.

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